Pleurer devant quelqu'un

Bien cher journal

En fin de semaine, pour une rare fois, j'ai pleuré devant une personne. Ça m'arrive rarement. Pas parce que je n'ai pas de difficulté à pleurer, mais j'ai peur que quelqu'un vienne me consoler en me prenant dans ses bras. Je déteste ça! Je déteste profondément que l'autre soit incapable de me laisser pleurer. Je sais bien, ce geste se veut un réconfort, mais moi, ça me prend l'espace de ma bulle. Me faire toucher n'est que pour certaines personnes. Et me faire toucher quand je suis vulnérable est encore pire. J'associe ce geste à profiter de l'autre et à incapacité de voir l'autre pleurer. Quand une personne voit quelqu'un pleurer, elle ne peut s'empêcher de faire un truc pour que ça cesse. Et pourtant, les pleurs sont un bien-être, une bénédiction. 

Une fois, je m'en souviens, j'étais devant une personne, je me mets à pleurer, et cette personne me prends dans ses bras, comprends-tu, et commence à me hocher d'un bord pis d'l'autre comme un balancier. J'en avais mal au dos tellement c'en était trop.  Après un geste de cette nature, je me retiens de pleurer devant du monde. Je préfère, et de loin, faire une crise du coeur que de me faire brasser par un imbécile incapable de laisser pleurer l'autre.

Quand je vois quelqu'un pleurer, je ne fais rien. J'attends. Peut-être suis-je insensible, mais j'aime mieux être insensible que d'être accapareuse.

Comments

[Matante Bizzz]

Bonjour Mimi



Merci du beau mot et de l'expérience que vous partagez.



Quand une personne me prend dans ses bras trop vite, me colle, me serre, quand je suis libérée, je suis trop engourdie et plutot assomée pour dire quoi que ce soit. Et en plus, je me trouve dans un carrefour: soit je dis que je n'aime pas recevoir une accolade aussi forte (et la personne se confond en excuse et s'en veut), soit la personne s'en fout (et je passe pour une trop fragile). Il m'est déjà arrivé de me faire dire ceci (et je n'exagère pas): «Ah oui, toi, t'aime pas qu'on te touche!» Bien sûr, il y avait plein de gens et ce n'était pas dit faiblement!!!



Savez, Mimi, j'ai compris que dans la vie, il y avait des gens qui comprennent les choses par les non-dits et d'autres qui, même avec un gros micro, n'arrivent pas à saisir les subtilités des autres. Les gens ont des sensibilités diverses. Et il faut se lever de bonne heure pour leur faire comprendre ce que les autres peuvent vivre.



Malheureusement, je ne m'exclue pas du groupe de gens grossiers. J'essaie, j'essaie d'être plus sensible, la route est longue...



Merci, Mimi



Affectueusement Matante Bizzz XXX

[Mimi]

Oh my God !



Trop drôle ce billet ! Je me suis tellement reconnue lollllllllll. Vous avez mis des mots sur ce que je vis dans cette situation mais je ne l'avais jamais analysé comme vous l'avez fait. Et je comprends les commentaires que vous avez reçu; c'est très vrai qu'on peut être pris de court devant la peine et que le sentiment d'impuissance donne envie de faire un geste de consolation pour démontrer de la compassion (et non de la pitié). J'aime bien ce mot qui circule sur le net et qui dit que pleurer, ce n'est pas être faible mais c'est d'avoir été fort trop longtemps. Pleurer, ça redonne de la force. Ceci dit madame Matante Bizz, vous donnez l'image de ne pas avoir votre langue dans votre poche et j'ai une question pour vous, Pourquoi n'avez-vous pas tout simplement dit à la personne qu'elle vous faisait plus mal au dos qu'autre chose ?

[Matante Bizzz]

Lili, quand je lis tes commentaires, je sais toujours pourquoi je t'aime tant. Toujours le mot juste, doux, efficace...



Non, ce jour-là, quand la personne m'a prise dans ses bras pour me faire balancer, c'était la dernière chose que je souhaitais.



Je m'aperçois, toutefois, que le fait d'être consolée par le touché dépend de la personne qui le fait. Je pense que c'est dans ce genre de moment que je peux valider une amitié ou non. Me faire toucher par Rhodin, Hélène ou toi, Lili, me réconforterait. Pas nécessairement par d'autres personnes.

[lili]

Difficile d'être complètement à l'écoute de l'autre et de reconnaitre ce qu'il a besoin. Une personne peut avoir juste besoin de pleurer afin de sortir le trop plein avant de pouvoir parler, ce qu'elle cherche c'est de l'écoute. Une autre aura besoin de se faire serrer dans les bras car ce qu'elle cherche c'est du réconfort. Une autre aura besoin des deux. Un autre préférera qu'on le laisse seul quelques instant ou ira s'isoler. Différent d'une personne à l'autre différent d'un jour à l'autre.



Faut vraiment y aller avec ce qu'on ressent que l'autre a besoin, et ce avec quoi on est à l'aise avec cette personne, mais il y aura toujours le risque de se tromper.



J'espère que la personne devant qui tu as pleuré t'as accueilli comme tu en avais besoin ce jour là?

[Hélène]

Je te comprend bien car j'aime pas trop les contacts physiques! Même si j'ai pas des gros totons AHAHAHHAHHAH. On est faite comme on est faite le reste ce sont nos mécanismes de défense et nos caractéristiques qui nous différencie. PIS? HIHIHIHIH Le plus important c'est de se comprendre. Le reste......