Procès d'intention
Bien cher journal
Dans ma vie, ma vie de looser, j'ai appris durement que les intentions faisaient foi de la sanction. Je me souviens d'une histoire à cet effet: c'est un petit poussin qui a froid. Il frissonne. Un gros chien tout brave creuse un trou dans une bouse de vache toute chaude et dépose le petit poussin dans ce trou. Un chat, flairant l'odeur du petit poussin, sort ce dernier de son trou et le mange. Morale de l'histoire: ce n'est pas parce qu'on te place dans la merde qu'on te veut du tord et ce n'est pas parce qu'on t'en sort qu'on te veut du bien! Je me souviens d'avoir ri de cette histoire mais maintenant je pense que j'en ri jaune.
L'intention, le «mens rea» fait foi de la sanction comme je l'ai dit. Imaginez-vous qu'une juge a déjà dit qu'un des facteurs atténuants d'un violeur avait été de sodomiser la victime par «délicatesse» de sauver l'hymen chéri de cette dernière. Comme elle était restée vierge, c'était donc à prendre en considération! Je ne peux que souhaiter la pareille à cette juge et nous verrons bien qu'elles seront les facteurs atténuants dans son histoire personnelle.
Pour ma part, l'intention, le procès d'intention, est quelque chose d'absolument dangeureux à valoriser. Je comprends qu'il puisse arriver que l'intention soit une chose qui motive une action mais en même temps, celui qui s'est fait détruire ne vaut plus rien quand on ne prend que l'intention en considération.
Parce que, dans tout procès, on pourrait se défendre en mentant. Vous voyez, moi, c'est mon cas. Par deux fois j'ai posé des plaintes, par deux fois, on a menti. Et par deux fois, j'ai perdu.
J'apprends à la dure à me taire.
Bien cher journal
Il m'arrive d'avoir mal au coeur de notre société.