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soyons sérieux, parlons du péteux!
8 mars 2013

Le suicide et moi

Bien cher journal

 

J'ai envoyé cette lettre à un grand journal mais je pense que je ne serai jamais publiée. Alors, je l'écris, dans mon journal intime...

 

Le suicide et moi

 

J'ai connu beaucoup de gens qui se sont suicidés. J'ai eu de la peine. Parfois à m'en déchirer le coeur, parfois à ne pas comprendre... Qu'est-ce qui peut motiver quelqu'un en bonne santé, jeune et plein d'avenir à mettre fin à ses jours? D'autres fois, il m'arrivait de comprendre le geste.

 

Quand j'étais jeune, je me disais que: «C'était son choix».  En vieillissant, j'en suis venue à comprendre l'absence de choix, le désespoir, l'incapacité d'imaginer que ça aille mieux. Décider de mettre fin à ses jours à cause de cette souffrance invivable: que la cause soit physique, psychologique, sociale ou psychiatrique. La seule chose à ce jour qui me peine est l'impulsivité du geste. Parfois...souvent, il arrive qu'un geste posé trop vite soit regretté.

 

La semaine de la prévention du suicide s'est terminée pour une autre année. Encore une autre!  Je ne sais pas si je suis la seule à penser qu'un slogan ne puisse redonner le goût de vivre aux gens souffrants de quelque  manière que ce soit mais si il y a des gens à qui on peut leur faire croire qu'ils sont aimés, va pour une semaine de prévention du suicide! Parce que l'amour n'est pas l'affaire d'une semaine seulement. J'aimerais toutefois prendre cette tribune pour vous amener ailleurs.

 

Pour moi, le mot suicide veut dire «mettre fin à ses jours».  Et si un jour j'ai besoin d'aide pour mettre fin à ma vie, ce geste devrait se nommer «aide au suicide», non? Il me semble que ça va de soi.

 

Mais la commission sur le «mourir dans la dignité» veut appeler ce geste «aide médicale à mourir». Peut-être est-ce dans le seul but de contourner le code criminel canadien, je ne le sais pas. Peut-être est-ce pour assouplir un geste quand on veut se donner la conscience de l'aidant médical qui est compatissant, je ne le sais pas.  Mais ce que je constate, c'est que beaucoup de gens dans le domaine médical se croient des donneurs de mort alors que la seule chose qu'ils font est de soulager la douleur. Il ne faut pas oublier que la maladie progresse même quand on donne de la morphine.

 

Pourquoi veux-je parler de cela?  Parce que pendant qu'on louvoie un terme en contournant le mot «suicide», on essait d'échapper à un geste qu'on désire abolir. Pourtant, quand c'est le patient qui demande à mourir, je veux dire, quand un patient demande qu'on mette fin à ses jours, il veut de l'aide pour finir sa vie en douceur. Bien sûr, présentement ceux qui veulent abréger leur vie et qui sont malades peuvent refuser des traitements, cesser de se nourrir et de s'hydrater... Pour ma part, je trouve cette manière assez cruelle, je serais poursuivie si j'avais recours à cette méthode envers mes animaux. Pourtant, ceux qui travaillent en soins palliatifs m'ont presque tous assuré que cette méthode n'est pas douloureuse! Qu'il y a même de la sérénité! Eh bin!

 

Là où je veux en arriver en parlant de toutes ces choses, c'est que pour moi, ma vie m'appartient. Elle n'appartient pas à d'autres qu'à moi. Elle est là la question de fond. Cette question qui est tout le temps ignorée. Si j'ai besoin d'aide pour une chirurgie, pour un avortement, pour un traitement de canal, pour un tattou pourquoi en serait-il autrement si j'avais besoin d'aide pour mettre un terme à ma vie si je suis rendue au bout de cette vie? Si je ne décide pas impulsivement, si je veux que ma vie se termine sans souffrance, je dois mettre fin  à mes jours par moi-même avant l'échéance que j'aurais souhaitée parce que je dois avoir toutes mes capacités pour le faire seule. Pourquoi devrais-je attendre le sceau de la société qui déclarerait que j'ai assez souffert? Parce que dans tous les débats, c'est la société qui juge des souffrances que les autres subissent. Peut-être en est-il bien ainsi?

 

Pourtant, moi, j'aimerais le faire dans un lieu sûr, bien tranquillement, quand j'aurai fait le tour du jardin comme on dit. Je ne veux pas que mes proches aient à retrouver un corps défait, que je n'aille pas à traumatiser celui qui me trouve, que je n'aille pas à détruire le bien d'autrui, ou que ma maison soit bannie ou qu'on cherche en vain mon corps parce que je me serais jettée dans une rivière...

 

Il y a trop d'oubliés dans la loi qui s'en vient. Trop d'oubliés, des laissés à eux-mêmes. Maintenant je comprends pourquoi certaines personnes mettent fin à leurs jours: ils n'ont pas confiance au sort qui les attend quand ils seront vulnérables et incapables. Alors ils prennent les devants en se suicidant. Je suis dans ce groupe-là. Je n'ai pas foi en notre société qui devrait juger à savoir si j'ai assez souffert ou non!

 

Alors je me tais pendant la semaine de la prévention du suicide.... Parce que, malgré l'amour que je reçois des autres, malgré la belle vie que j'ai,  je sais que je ferai parti des statistiques!

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  • Je veux une aide médicale légale pour mourir sans douleur quand j'en ressentirai le besoin. Avant de partir, je veux parler de trucs qui sont tabous, pour savoir si je suis seule dans mon univers. Bienvenue dans ma tête! Affectueusement Matante Bizzz
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