David Audesse

Bien cher journal

Cette semaine nous avons appris à la télévision qu'un type d'une trentaine d'années sans bras, sans jambes s'est enlevé la vie avec de l'aide de quelqu'un. Ici, au Québec, c'est criminel. On ne doit pas aider, suggérer le suicide à quiconque. David s'est suicidé il y a presque 2 ans. Je ne sais pas pourquoi ça sort aujourd'hui.

Toujours est-il que ce jeune homme a eu comme tragédie de survivre à une bactérie mangeuse de chair. Il a été amputé de ses 2 bras, de ses 2 jambes. Il ne lui restait que des moignons près de son tronc. Pendant que les médecins essayaient de le réchapper, il a été réanimé à la suite d'un arrêt du coeur. Ça, ça l'a mis en rogne. Et je le comprends! Il a dit que si les médecins l'avaient laissé aller, il n'auraient pas eu à subir tout l'après-vie estropié.

Il était dépendant pour tout et ça lui était impossible à vivre.

On peut comprendre!

Or, je ne sais pas pourquoi mais il y a comme un vent d'interdit: un type renommé qui se dit «pour» l'aide médicale au suicide» (Yvon Bureau) raconte que ce type n'était peut-être pas bien entouré, que les «ressources» n'étaient pas disponibles pour lui. Ce même type raconte que David était peut-être dépressif... Comme si David, entouré d'amour et de ressources allait devenir un génie universitaire qui aurait aimé tellement la vie qu'il aurait accepté d'être torché quotidiennement (a-t-on besoin d'un porte-parole qui ne cesse de se dire «pour» le suicide-assisté mais que dans les faits, il ne cesse de dénigrer le choix des autres?)

Plein de reportages montrent des gens mal pris qui aiment la vie et veulent donner courage à quiconque voudrait en finir avec la vie en étant qu'un tronc...

Je veux bien!

Mais il y a un truc que je voudrais leur dire: «Si vous aimez la vie en vivant avec votre tronc, arrêtez donc de faire chier les autres avec votre gout de la vie! Sommes-nous tous rendus obligés de se faire torcher quand on est dépendant ou peut-on se dire que ce genre de vie ne nous interresse pas? Êtes-vous rendu tellement menacé par ceux qui s'ôtent la vie que vous allez obliger les autres à vivre de force avec vos morales douteuses?»

Parce que moi, je me dis que les ressources ne sont pas illimitées. Tant au point de vue humain qu'au point de vue monétaire, les ressources ne sont pas illimitées et je me dis aussi qu'il y a un certain honneur à décider qu'on est rendu un poids pour tout le monde.

Bon, voyez-vous, je comprends ceux qui veulent se suicider. Toutefois, trop de monde se suicide par mauvais jugement de leur part. C'est triste. Mais je pense que la vie peut se limiter à des barems et ceux qui ne veulent pas les vivre ont besoin de respect. Ils n'enlèvent rien aux autres, bien au contraire!